Le matin

  Publié le : 18.02.2007 | 14h10

 

Pour une meilleure gestion de la diversité

Aux dernières nouvelles, le Parti socialiste unifié (PSU) se dirigerait vers le changement de son instance dirigeante. Selon des sources concordantes, Mohamed Sassi, actuel numéro deux et éminence grise du parti, est pressenti pour remplacer Mohamed Moujahid au poste de secrétaire général. A l'heure où nous mettons sous presse, rien n'est encore clair. D'autant plus que les travaux devaient se poursuivre jusqu'en soirée de dimanche.

A noter que le secrétaire général sortant aurait exprimé son intention de ne pas briguer un nouveau mandat.
Pour son deuxième congrès, auquel ont assisté bon nombre de ténors de la politique marocaine et de représentants de partis de gauche arabes, le parti socialiste unifié innove. Il s'agit d'une étape importante dans la vie de cette formation qui a choisi une nouvelle stratégie, pour gérer démocratiquement la différence des points de vue en son sein.

En effet, dans le cadre de la reconnaissance du pluralisme et de la légalisation des courants en son sein, ses dirigeants ont opté pour une méthodologie inédite pour la préparation du congrès. Six plateformes différentes ont été soumises au vote. «Toute plateforme qui remportera 3 % ou plus des suffrages sera présentée de manière correspondante dans les instances de décision du parti», a indiqué le secrétaire général sortant, lors de la séance d'ouverture du congrès, vendredi dernier.

Le PSU parie sur la conscience et la volonté des militants pour réussir cette aventure qui pourra constituer «un aiguillon supplémentaire de l'union de tous les militants de gauche dans un même parti, le grand parti socialiste de masse qui sera assez large pour toutes les sensibilités de gauche», évoque sa direction. Pour le moment, les militants affichent leur optimisme en dépit des critiques qui leur sont adressées de part et d'autre. Ils expriment leur fierté de la manière dont le parti arrive à gérer le pluralisme.

«Notre expérience est riche car elle respecte les différentes opinions et ouvre à tout le monde la voie pour s'exprimer. C'est une expérience qui dépasse le cadre classique axé sur la prépondérance d'un seul point de vue», se félicite Ahmed Sbaï, membre du bureau politique.

Le congrès est organisé dans un contexte particulier, marqué par le souci des préparatifs aux échéances électorales que le PSU compte réussir en prospectant déjà des alliances qui lui permettraient d'avoir un bon score lors des prochaines consultations. Il a ouvert ainsi trois voies, à savoir celle du rassemblement de la gauche démocratique avec les composantes de la gauche non gouvernementale, des forces nationales démocratiques et des forces démocratiques avec toutes leurs nuances y compris libérales et «islamistes éclairées». «C'est ainsi qu'avec nos camarades nous avons pu constituer et consolider la rassemblement de la gauche démocratique et l'engagement d'initiatives communes sur des causes politiques ou sociales.

Le rassemblement réunira sa deuxième rencontre nationale la semaine prochaine», estime le chef de file du parti. L'idée est de mener la bataille des élections avec des listes communes.

Le PSU a également consolidé ses relations avec le Parti du progrès et du socialisme, le Parti socialiste et le Parti d'Al-badil al-hadari. Des ponts de dialogue ont été construits avec le Parti de l'Istiqlal, l'Union socialiste des forces populaires, Forces citoyennes, l'Alliance des libertés, le Parti de la Oumma, le Parti travailliste et le Front des forces démocratiques.

Les dirigeants du PSU nourrissent en effet beaucoup d'ambitions quant aux prochaines élections. Ils espèrent que ces échéances seront un tremplin pour leur formation. Ils comptent entre autres sur l'intérêt que suscite leur mouvement dans le milieu associatif.
Le bureau politique considère que la préparation des élections et la réunion des conditions d'une compétition électorale honnête et transparente devraient être abordées d'une manière différente, et notamment «reposer sur une large consultation avec tous les acteurs politiques».

En dépit de tout, nombreuses sont les critiques adressés au PSU qui est le premier parti à institutionnaliser les courants politiques au Maroc. La diversité des opinions ne risque-t-elle pas de nuire à sa stabilité interne et de créer des dissensions ?, s'interrogent certains observateurs. Mais cela n'est pas de nature à décourager les amis de Moujahid.
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Sujets abordés

Mohamed Moujahid a évoqué bon nombre de sujets lors de la séance d'ouverture du deuxième congrès.
La question des réformes constitutionnelles a été soulevée.

Le PSU propose de les accompagner de grandes réformes concernant la justice, l'administration, l'éducation, la formation et la lutte contre la corruption et la prévarication pour mettre en place les conditions et les ressources pour construire une économie nationale forte, solidaire, assurant le développement durable.

Quant à la question du Sahara marocain, le parti appelle à un règlement politique négocié qui préserve la souveraineté nationale, permette aux populations du Sahara une large autonomie dans la gestion de leurs affaires, ouvre les possibilités de coopération et de regroupement entre les peuples de la région et ferme la porte à l'interventionnisme des grandes puissances.

On a également abordé le seuil de représentativité féminine qui «exclue de la compétition la majorité des partis», la question de l'amazigh en tant que composante essentielle de l'identité nationale, les réformes pour la démocratisation…



Jihane Gattioui | LE MATIN